Carte : Infarctus/angor.
Couleur : Blanc.
Scène 21.
L’oncle :
Votre grand-père ne m’appréciait guère, c’est de notoriété publique ! Votre mère, ma sœur, a hérité du domaine entier et je n’ai eu que l’usufruit de l’oliveraie ! À votre tour, vous avez hérité de tout le patrimoine et rien n’a changé pour moi…
Wendy :
L’usufruit de l’oliveraie rapporte pas mal, si j’en crois les comptes annuels…
L’oncle :
C’est bien moins que ce que rapportent les autres plantations, si j’en crois les comptes annuels !
Aymard :
Nos parents l’ont voulu ainsi et n’ont fait que perpétuer les dernières volontés de Grand-père !
Wendy :
Et aujourd’hui, contre leur volonté, nous vous offrons la pleine jouissance de l’oliveraie en échange de notre émancipation. C’est à prendre ou à laisser !
Aymard :
Ça augmente votre part d’héritage, c’est ce que vous voulez, non ?
L’oncle :
Vous ne croyez tout de même pas que cet arrangement vous blanchira de vos crapuleries ? Vous n’êtes pas naïfs à ce point.
Aymard :
Que faites-vous Isabella ? Où allez-vous ?
Isabella :
Chercher à boire…
Aymard :
Restez ici, vous n’appellerez personne, compris ? Wendy, va chercher le fusil de Grand-père. La clé de la vitrine aux armes est dans le tiroir gauche de son bureau, avec les cartouches…
Wendy :
Est-ce bien nécessaire ?
L’oncle :
Pas de bêtise, Aymard ! Ne commettez pas l’irréparable. Vous y avez échappé de justesse avec l’agression du vigile de la banque…
Aymard :
Le vigile, c’était un accident ! Vous ne risquez rien si vous vous tenez tranquilles, compris Isabella ?
Wendy :
Tiens, prend ! L’arme est encore chargée par Grand-père lui-même. Sois prudent Aymard. Je t’en supplie !
Aymard :
Alors, mon oncle, que décidez vous ? L’oliveraie et notre émancipation ou… ne plus rester notre tuteur que pour deux ans encore ? Vous aurez de toute façon des comptes à rendre sur la gestion de nos biens et on ne laissera rien passer, croyez-moi.
Wendy :
Soyez raisonnable, mon oncle…
L’oncle :
Sous la menace, jamais ! Donnez-moi ce fusil !
Aymard :
Venez le chercher, si vous l’osez !
Isabella :
Santa Ma᷉o de Deus ! Ça va mal finir, je le sens !
Scène 22.
L’oncle s’avance, saisi le canon du fusil, le coup part et la balle atteint Wendy en plein front.
Aymard :
Regardez ce que vous avez fait ! Assassin ! Assassin ! Wendy, ma Wendy. Oh mon Dieu, qu’est-ce que je dois faire ? Une ambulance, appelez une ambulance, vite, une ambulance. Elle saigne, regardez comme elle saigne, c’est affreux ! Et ce trou dans sa tête, oh mon Dieu, ce trou qui saigne ! Arrêtez ça, mais arrêtez ça, elle perd tout son sang, c’est horrible ! Qu’est-ce que vous avez fait mais qu’est-ce que vous avez fait ! Bougez-vous, mais remuez-vous, faites quelque chose, on ne peut pas la laisser comme ça…
Isabella :
Pauvre fille. Que Deus lui pardonne et l’accueille au Paradis ! J’ai appelé la police…
L’oncle :
Et les secours, tu as appelé les secours ?
Isabella :
La police les avertit automatiquement, non ?
Scène 23.
Isabella :
Meu coraca᷉o ! Qu’est-ce qui t’arrive ? Tu es tout blanc ! Tu trembles, assied-toi, donne-moi ce fusil.
L’oncle :
Ce n’est rien. L’émotion… J’ai du mal à respirer !
Isabella :
Ouvre ton col, je vais t’aider…
L’oncle :
Arrête ! Tu me fais mal, j’ai un poids sur la poitrine, je ne sens plus mon bras gauche…
Isabella :
Bom Deus ! Tu fais un infractous cardiaco !
L’oncle :
Un infarctus ! Un infar ! Ah que c’est agaçant cet accent portugais quand tu t’énerves ! Quand donc t’en débarrasseras-tu ?
Isabella :
Calme-toi, meu coraca᷉o ! J’entends les sirènes de la police…
L’oncle :
Les secours, j’espère. Oh les secours, vite, les secours, je me sens de plus en plus mal !
Aymard :
Wendy, elle ne respire plus ! Vous l’avez tuée ! Wendy, qu’est-ce que je vais devenir sans toi ? J’ai besoin de toi, tu entends, j’ai besoin de toi ! Reviens, je t’en supplie…
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