samedi 23 mars 2024

Texte 7

 

Carte : Séparation

Couleur : Bleu

 

Scène 24.

Centre de détention pour mineurs. En compagnie de quelques matons, l’oncle assiste à l’incarcération d’Aymard …

 

Aymard :

Pas mes cheveux, non, pas mes cheveux !

L’oncle :

Pleurnichard, on dirait un gamin de six ans !  La tête rasée, c’est pour éviter les poux, cher Aymard.  Paraît qu‘ils pullulent dans ce genre d’endroit…

Aymard :

Je vous hais !  Que n’êtes-vous resté dans votre crise cardiaque !

L’oncle :

Deus sait choisir les siens, comme dirait Isabella !

Aymard :

Je n’ai même pas pu aller à l’enterrement de ma sœur !

L’oncle :

De toute façon, elle n’en aurait jamais rien su !

Aymard se saisit brusquement des ciseaux du coiffeur et s’ouvre les veines frénétiquement.  Le sang jaillit partout et le garçon se rue ensuite vers la vitre qui le sépare de son oncle pour la maculer de son sang…

 

Aymard :

Salaud, salaud !  Tu crois avoir gagné mais je saurai me venger, dix-milles fois, dix-milles fois !

L’oncle :

Quelle sauvagerie !  C’est bien, le juge de la jeunesse devra en tenir compte.  Il y a de nombreux témoins à présents !

 

Scène 25.

Aymard, seul dans la cellule de soins du centre de détention…

 

Aymard :

Wendy, ma belle, ma tourterelle, morte !  Que ne suis-je mort avec toi !  Tout a mal tourné depuis ce stupide accident de voiture qui nous a privés de nos parents.  Comme je comprends leur méfiance vis-à-vis de notre oncle.  Ils avaient bien raison, les parents et Grand-père.  C’est un sale type, une crapule.  Mais il n’a pas encore gagné !  Tant qu’il me restera une seconde de vie, je me battrais pour l’honneur de notre famille, notre honneur, Wendy, le tien et le mien !

Que va-t-on faire de moi, maintenant ?  Ils ne peuvent tout de même pas me garder indéfiniment. 

De toute façon l’oncle ne peut rien vendre, c’est nous, c’est moi le seul propriétaire du  domaine…  Je ne m’habituerai jamais à dire « moi » au lieu de « nous », Wendy !

En délire fiévreux…

 

Mon amour, où est tu ?  J’ai besoin de toi, du bleu de tes yeux !

Wendy :

Je suis là, mon cœur, comme toujours à côté de toi.

Aymard :

Dis-moi, dis-moi, je t’en supplie, comment punir notre oncle et sa pute !

Wendy :

Patience mon Aymard, personne ne peut échapper à son destin.

Aymard :

Mais l’oncle, que puis-je faire ?

Wendy :

Il ne profitera pas longtemps de son avantage !

Aymard :

Il ne va tout de même pas hériter de notre domaine ?

Wendy :

Tu oublies Isabella !  Elle est maligne, elle va le rouler, l’idiot…

Elle a réussi à se faire épouser avec communauté des biens !

Aymard :

Il n’a tout de même pas déjà hérité ?  Je suis toujours vivant !

 

Scène 26.

 

Isabella :

J’ai pitié d’Aymard.  Il est complètement déboussolé depuis la mort de ses parents et celle de sa sœur n’arrange rien.  On ne peut pas lui en vouloir…

L’oncle :

C’est toi qui dis cela ?  Après ce qu’ils t’ont fait ?  Comme à tes prédécesseurs ?

Isabella :

Il n’y a que quelqu’un de profondément malheureux qui agit comme ça.

L’oncle :

C’est maintenant que tu t’en rends compte ?  La belle affaire !

Isabella :

Tout va sans doute te revenir puisqu’Aymard est privé de liberté pour longtemps.

On pourrait revoir notre accord, non ?

L’oncle :

Comment ?  Je t’ai épousée.  Tu as un bon salaire et tu es logée et nourrie !

Isabella :

J’ai tout de même un peu exagéré mon témoignage au tribunal, cela se paie, je crois…

L’oncle :

Exagéré ?  Si peu !

Isabella :

Je demande l’oliveraie puisque tu dispose de tout le reste !

L’oncle :

Mais nous sommes mariés en communauté des biens, donc tout nous revient à tous deux.

Isabella :

Oui, mais je veux être la seule propriétaire de l’oliveraie !

L’oncle :

Suis-je donc condamné à toujours être roulé dans la vie ?

Isabella :

Oh coraca᷉o, tu ne vaux pas plus que celui qui reste de ta famille !

 

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