dimanche 12 novembre 2023

TEXTE 1

Carte : un air de flûte traversière.

Couleur : verte (mensonge, infidélité, chance).

Scène 4.

 

 Aymard :                                            

Content d’être rentrés à la maison…

Wendy :

Tu parles d’une journée de merde !

Aymard :

Deux interros surprises et un cross minuté dans le parc du collège !

Wendy :

Oh la là ! La totoche nous attend !

Aymard :

Avec son mainate crevé !

Wendy :

La voiture de l’oncle est devant le perron… Va y avoir du grabuge ! 

Aymard :

Bof !  C’est avec notre fric qu’il vit !  Il n’a pas intérêt à trop nous embêter.  Il va juste un peu nous engueuler devant la potiche, pour la calmer…

Wendy :

Puis, il va nous sortir sa flûte traversière et jouer son sempiternel adagio d’Albinoni en espérant nous mettre tous sur la même longueur d’onde.  Cool !

Aymard :

Je me demande parfois s’il croit lui-même à cette connerie !

Wendy :

Ça lui fait plaisir…

Aymard :

J’ai une idée !  Avec un peu de chance, on va rire !  Sa flûte est toujours dans la voiture ?

Wendy :

Non ! Ne touche pas à la flûte.  Tu ne sais pas comment il réagira.  Les gentils peuvent être très colériques !  S’il ne veut plus être notre tuteur, je ne pourrais pas vivre séparée de toi.  Nous morfondre dans des familles d’accueil différentes, merci !

Aymard :

Il est veinard de t’avoir comme protectrice…

Wendy :

Attention !  Ils viennent vers nous…

 

Scène 5.

 

L’oncle :

Mes enfants !  Vous êtes incorrigibles !  La pauvre bête !  Mourir exsangue, c’est affreux !  Mais que vous est-il passé par la tête ?

Wendy :

On n’a pas imaginé que cela se terminerait comme ça, je vous l’assure, mon oncle…

L’oncle :

Je veux bien le croire, cela aurait été monstrueux !  Vous voyez, Mademoiselle da Silva, ce n’est qu’un malheureux accident.  Nous remplacerons votre mainate.  Allons mes enfants, excusez-vous et passons au salon.  Aymard, veux-tu aller chercher mon instrument dans la voiture ?  Un peu de musique apaisera ce regrettable incident…

Wendy :

Sans la trafiquer, s’il te plait !

Aymard :

Un petit ver de terre dans l’embouchure ?

Wendy :

J’ai dit NON !

 

Scène 6 :

 

Aymard :

Il état en forme aujourd’hui, le tonton !

Wendy :

Oui !  On a eu droit à l’adagio au complet…

Aymard :

…sur fond de reniflement de la boniche !  Tu parles d’un concert !

Wendy :

Faut la punir !  Elle est là depuis une semaine et déjà, elle se plaint auprès de notre oncle !

Aymard :

Allons réfléchir dans le jacuzzi, on n’a pas encore eu le temps de se  décrasser de la journée…

 

Scène 7. (dans le jacuzzi)

 

Aymard :

Tu crois que l’oncle baise la boniche ?

Wendy :

Au début peut-être mais certainement plus maintenant ! Elle fait vieille fille et puis, il doit garder son autorité sur elle…

Aymard :

Il n’est pas resté fidèle très longtemps au souvenir de sa femme, notre oncle !

Wendy :

C’est un homme, donc foncièrement volage ! 

Aymard :

Tu me trouves volage ?

Wendy :

Tu n’es pas encore un homme !

Aymard :

Ah bon ?  Tu veux voir ?

Wendy :

Un jour viendra où tu regarderas une autre fille…

Aymard :

Et toi, un autre mec !

Wendy :

Cela n’arrivera jamais !  On est trop liés, toi et moi…

Aymard :

Vrai !  Faut dire qu’on fait une belle équipe !

Wendy :

Qu’est-ce qu’on prépare maintenant pour la totoche ?

Aymard :

Je ne sais pas.  Je vais aller chez Gérard le braconnier, je trouverai bien quelque chose pour la dégoûter…

Wendy :

Oh oui ! C’est l’époque où il chasse les grenouilles pour leur arracher les cuisses…

Aymard :

…et il rejette les corps encore vivants dans les ruisseaux !

Wendy :

Trois ou quatre corps bien sanglants dans les bottes de caoutchouc qu’elle laisse dans la buanderie, ça va le faire !

Aymard :

Je cours tout de suite chez Gérard !

Wendy :

Habille-toi tout de même !

 

 674 mots

6 commentaires:

Atelier Windels a dit…

Bonjour Jan,
Pauvres grenouilles si cruellement mutilées!
Sans doute un souvenir de reportage de l'époque où tu était producteur du Jardin Extraordinaire...
Quel oncle hypocrite et quelle méchanceté de la part de tes "Héros"!
Comment pourront-ils faire pire?
Bien à toi,
Michel.

internetfiction2 a dit…

Olé ! C’est bien parti !
Il faudrait me livrer immédiatement l’entièreté de la nouvelle car je me demande bien ce que ces « démons » vont pouvoir inventer.
Je ne vais pas m’ennuyer ! Lire ces quelques scènes m’a fait passer un moment jouissif.
Mais quels sales gosses !
Scène 7 : Tu crois que l’oncle baise la boniche ? Wendy : Au début peut-être mais certainement plus maintenant !
« Speedy Gonzales » le Tonton, la boniche est là depuis une semaine seulement !
Ne quitte surtout pas ce rythme enlevé qui va renforcer la kyrielle de niches que tes jumeaux vont imaginer. Mais peut-être y en aura-t-il une à l’issue inattendue ?
Comment s’en sortiraient-ils dans ce cas ?
Bisous, à bientôt. Françoise

Juloluca@gmail.com a dit…

Bonjour, Jan...

Quelle inventivité, ces deux-là! Et quelle cruauté innée!
Comble de malchance, ils n'ont pas trouvé dans ce tutorat les personnes douées d'intuition ou d'empathie susceptibles de les amadouer.
Aymar a incidemment proposé à Wendy de lui prouver qu'il est bel et bien un homme. J'ai cru que tu allais les amener à jouer à touche-pipi mais... Non, ils sont frère et soeur, ça ne va donc pas plus loin.
Comment pourrais-tu nous surprendre par la suite? Avec une nouvelle farce qui glacerait l'entourage? Ce serait répétitif, non? Par un élément déclencheur qui les orienterait sur un chemin plus souriant? Mais ce serait aller à l'encontre de tes perspectives, sans doute... Alors?
Je te fais confiance pour nous surprendre parce que du point de vue inventivité tu as une aussi belle carrure que tes deux lascars!
Fais-nous sourire encore!
Cordialement,
Micheline

christian Vanderstraeten a dit…

Bonjour Jan,
Que dire de plus ? Sinon qu’ils sont peut-être amants ces jumeaux, Aymard et Wendy, qui ne peuvent se passer l’un de l’autre.
La plus que méchanceté d’Aymard, compensée quelque peu par une attentive Wendy qui ne souhaite surtout se retrouver dans une autre famille d’accueil séparée de son frère, s’expliquerait sans doute, peut-être, par la perte de leurs parents.
Toujours cette facilité dans le dialogue. Félicitations. Au plaisir de lire la suite des aventures de ces « jeunes monstres ».
Christian

Liliane a dit…

Bonjour Jan,

Vraiment sympas, les jeunes gens ! Et l’oncle, prévisible et stupide, incapable de gérer ses neveux. Que dire ? La pièce est lancée et on a envie de connaître la suite. Comme d’hab, les dialogues sont maîtrisés, percutants, nerveux.
Un détail bien vu : contrairement à Aymard, Wendy sait qu’il y a des limites à ne pas dépasser. Ils doivent amadouer l’oncle, ce n’est donc pas le moment de mettre un ver de terre dans la flûte. Une différence de maturité intéressante entre les jumeaux. Comme on le constate souvent chez les ados, la fille a plus de maturité que le garçon.
Le même petit souci de cohérence que Françoise :
« Aymard : Tu crois que l’oncle baise la boniche ?
Wendy : Au début peut-être mais certainement plus maintenant ! Elle fait vieille fille et puis, il doit garder son autorité sur elle… »
Rien n’indique que du temps est passé entre la scène 6 et la scène 7. Or dans la scène 6, Wendy déclare que Mademoiselle Da Silva n’est là que depuis une semaine. On est donc bien au début de sa présence dans la famille.
Une ou deux répliques indiquant le passage du temps me semblent nécessaires.

Les prochaines scènes, colorées en mauve auront pour thème central une récompense officielle
Bon travail,
Liliane.

Colette R. a dit…

bonjour Jan,

Quels monstres ! Tout a été dit déjà, je ne vais pas répéter. Tu es doué Jan dans ce genre de littérature. Tu captives tes lecteurs avec des répliques courtes, cinglantes et des situations violentes. Les jumeaux seraient ils de futurs "serial killer" ?

Au plaisir de lire la suite.
Amicalement
Ama