Carte : Vol d’une œuvre d’art
Couleur : Jaune
Scène 12.
Aymard : (écrivant une lettre)
Ma sœur, mon âme !
Trois mois déjà que nous sommes séparés. Chaque jour, chaque nuit, je pense à toi, à notre douce connivence, à notre merveilleuse entente. Ici, la vie est réglée comme dans une caserne. Lever à l’aurore, corvées nettoyages, activités aussi diverses que la poursuite approximative d’études, du bricolage ou du sport. Les plus chanceux peuvent faire un petit boulot intéressant comme du pliage de boîte de médicaments ou l’impression d’étiquettes… Chouette, non ? Au moins, ces dernières activités nous rapportent une véritable fortune comme salaire, ce qui me permettra de rembourser l’incendie du collège vers l’an 2134, au minimum !
Mais assez parlé de moi et de ce centre pour jeunes délinquants nécessitant un suivi psychologique ! Foutaises !
Ta famille d’accueil est-elle correcte avec toi ? Tu ne me dis rien ! Est-ce que tu t’habitues enfin à ton nouvel environnement campagnard ?
Personnellement, je trouve scandaleux qu’on nous empêche de terminer nos études correctement. Donne-moi des nouvelles plus précises que celles que tu m’envoies chaque semaine.
Tu me manques, tu ne peux savoir à quel point.
Vivement nos dix-huit ans, qu’on puisse retrouver notre liberté.
Je t’embrasse le plus affectueusement possible, ton Aymard qui t’aime plus que tout !
PS : des nouvelles de l’oncle ?
Wendy : (répondant par une lettre)
Mon chéri,
Ne t’inquiète pas pour moi. J’aurai pu tomber plus mal même si je suis réduite aux vaisselles et à l’entretien du potager ! Ma famille d’accueil tolère que je suive des cours par correspondance à condition que cela ne m’occupe pas plus de deux heures par jour : priorité aux corvées ménagères…
L’oncle vient de trouver dans ta cachette de la cave, la statuette en ivoire que tu as volée dans le bureau du dirlo. Les flics l’on restituée à son propriétaire et l’oncle a été félicité ! L’assurance du collège se retourne contre nous à cause de l’incendie provoqué pour masquer le vol ! Ah, il est heureux, l’oncle ! C’est lui qui devra payer provisoirement, notre compte étant bloqué suite à notre mise à la disposition de la Justice ! Je n’espère qu’une chose, c’est qu’il ne dilapide pas notre héritage…
Je t’aime, oh mon frère adoré.
Ta Wendy qui se languit de te revoir bientôt.
PS : les deux malinois du directeur ont fini par mourir de leurs brûlures. Belle idée que d’avoir amené des saucisses de Francfort. Tu parles de chiens de garde !
Scène 13 : (au parloir du centre pour jeunes délinquants)
Ay mard :
Qu’est ce que je suis heureux de te voir, mon adorée…
Tu as maigri, non ?
Wendy :
Seule fille dans une famille d’accueil qui doit vivre de ses champs, pas évident. Regarde mes mains !
Aymard :
Ma toute belle, si j’avais su…
Wendy :
Pourquoi tu as tout pris sur toi ? C’est à deux qu’on a voulu se venger sur le dirlo qui nous a humiliés devant tout le collège pour la plaisanterie avec l’oncle et la totoche !
Aymrd :
Tu m’as écrit que l’oncle se la tapait à nouveau…
Wendy :
Oui, ils dorment dans la chambre des parents, l’oncle a vendu sa maison et s’est installé chez nous !
Aymard :
Il n’en n’a pas le droit ! Il n’est que notre tuteur et doit respecter nos avoir.
Wendy :
Je sais, j’en ai déjà parlé à notre avocat de famille mais il n’a pas paru offusqué par ce déménagement…
Aymard :
Ce connard d’avocat est le meilleur copain de l’oncle, il va donc le défendre !
Wendy :
Jr parie que dans deux ans, quand on sortira, on n’aura plus rien, ce sont des arrangeurs !
Aymard :
C’est vrai, tous ces gens travaillent en bande organisée : avocats, huissiers, juges et notaires, tous des gangsters ! Je vais demander une entrevue avec l’assistante sociale du centre, elle m’a à la bonne.
Wendy :
Vraiment ? Ce n’est pas pour ça qu’elle va nous aider. Si elle t’apprécie tellement, son intérêt est que tu restes le plus longtemps possible ici, tu ne crois pas ?
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4 commentaires:
Cher Jan.
J’espère que tu es bien entré dans cette nouvelle année que je te souhaite excellente, en tout !
Tes héros ont à nouveau commis d’épouvantables méfaits. La mort horrible des malinois m’afflige un peu je te l’avoue !
Je remarque que les punitions infligées n’ont absolument aucun effet sur eux et ne servent qu’à attiser leur animosité envers le monde.
Pourquoi tant de rage et de perversité ? Et combien de temps cela va-t’il durer ?
Je voyais Aymard et Wendy comme deux complices de méfaits stupides quoique méchants et cruels.
« Ma sœur, mon âme ! »
« Je t’aime, oh mon frère adoré. Ta Wendy qui se languit de te revoir bientôt. »
Que faut-il penser du tour que prend la relation entre ce frère et sa sœur ? Leur séparation met en avant un manque évident l’un de l’autre, mais encore, et jusqu’à quand ce lien puissant les unira t’il ?
Bonne poursuite Jan. A bientôt. Françoise
Bonjour Jan,
Françoise exprime on ne peut mieux, ce que l'on ressent à la lecture de ce texte.
J'ose aller plus loin qu'elle, la relation frère / soeur est carrément mal saine...
Jusqu'à quand cette relation va-t-elle durée !
Ils brisent tous les tabous.
Bonne année à toi,
Michel.
Bonjour, Jan…
J’aime à croire que tu as bien entamé cette année 2024 et qu’elle continuera de t’apporter les petits bonheurs que tu en attends!
Tes deux lascars, eux, paient le prix de leurs méfaits, et l’un plus que l’autre d’ailleurs.
Mais ce n’est pas le remords qui les étreint, au contraire!
Leurs échanges portent à nouveau sur les suspicions de corruption des personnes qui les entourent et sont sensées leur venir en aide.
Et ces échanges…? Je sais que les jumeaux sont par essence très proches. Mais, qu’en est-il entre Aymar et Wendy? Quelle surprenante intimité dans leur manière de s’interpeler, dans le choix des petits noms et surnoms qu’ils s’attribuent!
Combien de temps cette étrange proximité va-t-elle durer? Se pourrait-il que, en dépit de sa réclusion en famille d’accueil, Wendy se découvre d’autres amitiés ?
Tu as certainement des pistes en tête …
Réjouis-nous encore, Jan, avec ces dialogues vifs, inventifs, déroutants… qui font ta marque de fabrique, si je puis dire!
Amicalement,
Micheline.
Bonjour Jan,
Cette fois tu fais progresser l’action : Aymard en IPPJ et Wendy en famille d’accueil pour avoir mis le feu à leur collège et les deux sans doute victimes de la cupidité de leur oncle. Les choses se précisent. Ce qui se précise aussi, c’est l’ambiguïté de leur relation. Les termes employés relèvent d’un amour plus que fraternel, mais ce n’est que du langage, peut-être de l’emphase adolescente. Tu ne précises rien et tu as bien raison. Laisse le spectateur se poser des questions auxquelles tu répondras plus tard… ou pas.
Quant à l’écriture, elle est toujours aussi efficace. Le ton des deux lettres, assez différent met clairement en évidence la volonté d’Aymard d’être le « protecteur » ainsi que le côté plus mûr de Wendy qui se préoccupe des problèmes concrets et, plus surprenant, tient à continuer ses études. En outre leur manière d‘appréhender la gestion de leur patrimoine reflète leur éducation bourgeoise
Dans tes prochaines scènes, le rouge dominera et une boule de billard tiendra une place importante.
Bion travail,
Liliane
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