Carte : une bague avec aigue-marine
Couleur : orange (feu/aventure/excentricité)
Scène 18.
L’oncle :
Aux dernières nouvelles, le vigile de la banque s’en tire avec un larynx écrasé et quelques semaines de revalidation !
Isabella :
Le pire a été évité, Santa Ma᷉o de Deus, merci !
L’oncle :
Mais eux, ils restent introuvables.… Où peuvent-ils se terrer ?
Isabella :
Tant que c’est loin d’ici…
L’oncle :
Qu’est-ce qui va encore nous tomber dessus…
Isabella :
L’autre nuit, j’ai cru apercevoir une brève lueur dans la cabane de l’ancien poulailler…
L’oncle :
C’est maintenant que tu en parles ?
Isabella :
Sans doute un SDF qui fume une cigarette. Ce ne sera pas la première fois que ce taudis en accueille un !
L’oncle :
Imagine qu’il boute le feu à cette cahute sous les arbres ! Il faut nous débarrasser de cette ruine qui ne sert plus à rien…
Isabella :
Il y a encore quelques vieilles poules abandonnées qui s’y abritent toujours…
Scène 19 :
Wendy :
Encore gober des œufs crus … Cela devient écœurant, tu ne trouves pas ? Et puis, j’en ai assez d’être dans le noir et de l’odeur de ce cagibi !
Aymard :
Heureusement que l’odeur du shit masque un peu cette merde !
Wendy :
Je te signale qu’on fume notre dernier joint… Le pacson est vide !
Aymard :
On va sortir demain. On en trouvera du côté du collège…
Wendy :
Nous serons immédiatement reconnus ! T’es con ou quoi ?
Aymard :
Toujours récriminer ! Un peu d’optimisme que diable !
Wendy :
À force de le taquiner, ce diable, il finira par nous perdre ! Notre photo doit être partout !
Aymard :
Allons voir ailleurs…
Wendy :
Où ? Avec quel argent ? On n’a de nouveau plus rien…
Aymard :
Gérard ! Gérard le braconnier ! Il nous a déjà aidé plus d’une fois…
Wendy :
Ce crapuleux nous dénoncera illico !
Aymard :
Cela m’étonnerait ! On connait tous ses trafics. Il n’osera pas, il a trop à perdre…
Wendy :
Il n’a jamais rien fait gracieusement…
Aymard :
C’est vrai… Mais, regarde un peu ta main gauche…
Wendy :
Comment ? Oh non, la bague de maman !
Aymard :
Une aigue-marine, c’est une pierre précieuse, non ?
Wendy :
Elle ne fait pas partie des quatre pierres vraiment précieuses comme le diamant, le saphir, le rubis ou l’émeraude ! Tu le sais tout de même…
Aymard :
On en tirera bien quelque chose…
Wendy :
C’est mon seul souvenir de maman ! Je ne m’en séparerai jamais, jamais, tu entends ?
Aymard :
Reste moisir ici si c’est ce que tu veux ! Moi, je me taille dès le coucher de soleil !
Wendy :
Encore un coup de folie ! Cette fois, je ne te suis pas et je ne donne pas la bague de maman, compris ?
Aymard :
Alors, on doit entrer dans la maison !
Wendy :
« Bonjour ! On vient se cacher ici et prendre un peu d’argent mais ne changez pas vos habitudes, il ne faut pas que les gens se doutent de quelque chose ! ». Tu crois que ça peut marcher ? C’est ridicule, insensé !
Aymard :
Je pensais profiter de leur absence. Ils doivent bien remplir le frigo de temps en temps ! Le vasistas de la cave à vin est toujours ouvert…
Wendy :
Ils verront tout de suite qu’on est passés !
Aymard :
J’espère bien ! Faut leur ficher la trouille, à ces pique-assiettes…
Wendy :
Et les gendarmes seront là dans le quart d’heure !
Aymard :
Qu’est-ce que tu proposes à la fin ?
Wendy :
On ne peut plus continuer comme ça !
Aymard :
Bien d’accord !
Wendy :
Ayons une explication avec l’oncle !
Aymard :
Cette fois, c’est toi qui es folle ! Il va tout de suite nous piéger, c’est certain !
Wendy :
J’ai l’idée d’un accord à lui proposer, écoute-moi…
Scène 20.
L’oncle :
La cabane sera rasée demain matin ! Fini les clandestins et le risque d’incendie…
Isabella :
J’ai comme un mauvais pressentiment. Que Deus nos proteja !
691 mots
4 commentaires:
Bonjour, Jan...
Il fallait s’y attendre : tes jeunes brigands n’ont pas l’intention de désarmer ! Même si les noires convictions de l’un ne sont pas celles de l’autre.
J’apprécie le bon sens et la raison que Wendy s’efforce de faire entendre à son jumeau, ainsi que les arguments imparables qu’elle lui oppose. Les images que tu évoques à ce propos sont éloquentes.
Qu’est-ce qui pousse donc Aymar à se comporter de manière aussi insensée, aussi cruelle ? Il n’en est sans doute pas conscient mais son attitude pourrait être-être le résultat d’un manque d’affection dans son enfance, voire de son adolescence… ?
Ils sont peut-être l’un et l’autre (même si c’est à des titres divers) à la recherche d’empathie, de complicité amicale, de vraie chaleur humaine.
Je tombe dans le pathos ? Peut-être… Il devrait pourtant être possible d’amorcer un léger virage dans l’attitude d’Aymar sans sombrer pour autant dans le béni oui-oui, le mélo.
La réponse t’appartient évidemment, Jan !
J’espère seulement qu’ils ne commettront pas l’irréparable et ne finiront pas en prison.
Curieuse de voir quelle virevolte tu vas nous réserver encore !
Amicalement,
Micheline.
Bonjour Jan,
Ouf, le gardien n’est pas mort ! Nos deux gaillards ne le savent pas, mais commencent à être acculés.
Wendy semble en prendre conscience alors qu’Aymar n’est pas affecté, si ce n’est par la fin du stock de haschich. Il ne se soucie absolument de rien, ni de l’état de sa victime, ni des conséquences de cette fugue. il n’est préoccupé que par la nécessité à trouver de quoi fumer. Mais pourquoi cet ado est-il si monstrueux ? Qu’est-ce qui a provoqué chez lui tant de haine ? Même pour sa sœur, il manifeste peu de considération. L’obliger à vendre la bague de leur maman est cruel.
Parviendras-tu à trouver une échappatoire à ce cercle infernal ? Peut-être que non. Après tout c’est ton choix et toutes les histoires ne doivent pas forcément bien finir. Wendy mérite néanmoins un peu de clémence.
Aymar a un sacré contentieux avec son histoire de vie pour être devenu ce personnage si odieux.
Qu’a-t-on brisé de ses rêves, de ses envies ? J’ai beau chercher et malgré les consignes, je n’ai pas de suggestion à proposer. Désolée ! Je ne suis pas inquiète car ton imagination est fertile.
Bonne poursuite. Bien à toi
Françoise
Bonjour Jan,
Toujours la même horreur !
Cette fois les jumeaux commencent à vraiment se dissocier.
Que va-t-il leur arriver maintenant ?
Le rêve impossible d'Aymard ? Un fantasme : voir vivre leur troisième jumeau mort-né à leur naissance...
Je suis impatient de connaître la suite.
Bien à toi,
Michel.
Bonjour Jan,
Que dire ? Un mixage réussi de polar haletant et de détails burlesques : l’accent d’Isabella, les œufs crus, la puanteur. Quant à l’attachement de Wendy à la bague de sa mère, il renforce l’impression que l’on éprouve depuis le début d’une gamine qui n’est pas aussi endurcie et aguerrie au mal que son frère. Peut-on imaginer qu’Aymard est un vrai psychopathe et que Wendy, depuis toujours est dans le déni, qu’elle a accepté de « faire comme son frère » mais que, la maturité venant et les méfaits de son frète étant de plus violents, elle va être obligée de prendre ses distances, de choisir entre son amour fusionnel pour son jumeau et la vie sociale acceptable dont elle rêverait secrètement. Plus ça va, plus tu les différencies habilement, par petites touches. Par ailleurs l’oncle et la bonne étant ce qu’ils sont on n’en arrive à les trouver plus odieux que les jumeaux. C’est ce mélange qui fait l’originalité percutante du texte, sans parler de l’écriture impeccable, pas un mot de trop.
Eh bien, je vais m’en tenir là, moi aussi… déjà trop de mots !
La suite sera blanche et un infarctus/angor en sera le sujet.
Bon travail,
Liliane
Enregistrer un commentaire